mardi 10 mai 2011

La Poudre d'Escampette métamorphose

Il était temps de se faire une beauté! Voilà le blog La Poudre d'Escampette va se métamorphoser pour devenir plus complet et plus représentatif du spectacle jeune public. Les premières armes se sont faites sur ce blog, maintenant une nouvelle formule est née de ce premier projet:



On garde le meilleur et on trouve de nouvelles idées à mettre en place. Vous retrouverez les O.T.M., le Doigt point sur... et en plus des rubriques telles que Marotte, la pensée qui flotte, Dans mon transistor, A table!, Agitation thermique... Que du bonheur qui ne demande qu'à être lu!

A tout de suite sur Ther-môme-mètre pour de nouvelles aventures théâtrales, cliquez sur l'image pour prendre le large:


mercredi 13 avril 2011

Petit dictionnaire du tragique


"Situation dramatique au Japon" "L'héroïsme des ouvriers japonais de la centrale qui tentent au péril de leurs vies de combler la brèche", "Les corps de 100 victimes retrouvés par des enquêteurs de l'Otan"...
On l'entend sur France Inter, on le lit dans Le Monde, on s'abîme les oreilles au détour de conversation : le registre du tragique est à l'honneur dans l'actualité.

L'occasion pour moi de rappeler peut être l'origine de ces termes, qui nous viennent du théâtre. Théâtre qui semble être passé des scènes conventionnées à la scène mondiale!

 Destin : 
 "Hé! repoussez, Madame, une injuste terreur. 
Regardez d'un autre œil une excusable erreur. 
Vous aimez. On ne peut vaincre sa destinée. 
Par un charme fatal vous fûtes entraînée. 
Est-ce donc un prodige inouï parmi nous ?
Phèdre, IV, 6


Héros : 
"Qu'est-ce-que le héros tragique? C'est un être particulièrement résigné à la cohabitation avec toutes les formes et tous les monstres de la fatalité." J. Giraudoux


Fatalité :
«Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.» V. Hugo


Victime : 
"Nous sommes des victimes condamnées toutes à la mort. nous ressemblons aux moutons qui bêlent, qui jouent, qui bondissent en attendant qu'on les égorge." Voltaire


Tragédie :
"La comédie : celle-ci fait les hommes plus mauvais qu'ils ne sont aujourd'hui et la tragédie les faits meilleurs." Aristote
"Les thèmes de la tragédie sont universels, alors que ceux de la comédie sont plus ancrés dans les cultures." U. Eco


Dieu(x) :  
Alcmène
"Je ne crains pas la mort. C'est l'enjeu de la vie. Puisque ton Jupiter, à tort ou à raison, a créé la mort sur la terre, je me solidarise avec mon astre. Je sens trop mes fibres continuer celles des autres hommes, des animaux, même des plantes, pour ne pas suivre leur sort. Ne me parle pas de ne pas mourir tant qu'il n'y aura pas un légume immortel. (...) Pourquoi me regardes-tu soudain de cet air respectueux ?

Jupiter
C'est que tu es le premier être vraiment humain que je rencontre ..."
J.Giraudoux, Amphitryon 38, II, 2

Hybris :
"L’hybris pousse le héros à agir et à provoquer les dieux, malgré leurs avertissements, ce qui aboutit à leur vengeance et à sa perte. Ce sentiment est la marque de l’action du héros tragique, toujours prêt à assumer son destin." P.Pavis


Catharsis:
"La tragédie est donc l’imitation d’une action noble, conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue […] ; c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre." Aristote

jeudi 24 mars 2011

Théâtre et timidité

Le théâtre va-t-il concurrencer la psychanalyse? 

Un défaut, une qualité? Les uns et les autres se mettront d'accord. 
En revanche, la timidité quand elle n'est plus le simple charme des pommettes qui rosissent, mais plutôt la moiteur d'une paume, est bien plus compliquée à vivre et beaucoup moins glamour à aborder. Physiquement et psychologiquement, la timidité s'empare de l'être, comme une perte de maîtrise de soi qui pousse le timide à se fermer au monde. 

A l'adolescence, âge délicat au possible, la timidité maladive pèse de tout son poids. Une visite illico chez le psy du coin? Ou une immersion dans un atelier de théâtre?
Je vote pour la deuxième option en ayant fait l'expérience au lycée. Bien sûr on lutte et les premiers cours sont décourageants, stressants. Et puis, on prend confiance. Et surtout, on ne fait pas que vaincre une timidité, on apprend de nouveau son corps, on découvre le jeu et les comédiens, le texte. Plus qu'une descente dans les eaux profondes du moi intérieur, le théâtre ouvre au monde. Et tout ça, je vous invite à l'entendre de la bouche de lycéens et d'étudiants, de Papy du Déclic Théâtre lors de l'émission Service Public sur France Inter.
C'est dans :





vendredi 18 mars 2011

Quand le théâtre frappe :

Le Bruit des os qui craquent, un titre qui accroche, qui crépite dans l'oreille. J'y ai donc laissé traîner mes yeux pour finalement être happée par le quotidien d'Elikia  et Joseph, un quotidien qui n'a rien de routinier et rassurant. Cela fait partie des textes qui vous plongent dans un état de choc presque salutaire. La violence des adultes dans la bouche des enfants a toujours cet effet de perversion révélée. On reste bouche-bée en écoutant le cri de ces enfants-soldats à qui plus rien ne peut rappeler la vie, l'histoire du plus grand détournement d'humanité possible : celle des adultes sur les enfants.

Le synopsis est poignant et je me suis surtout attachée à un personnage, Elikia. Fillette enlevée à sa famille par les soldats rebelles après la mise à sac de son village. Les humiliations, les coups, les viols, fabriquent la femme sur la fillette. L'endurance, la reproduction des comportements violents sur les nouveaux, elle se fait remarquer : elle devient la femme du chef du camps. En même temps que l'acquisition d'un certain pouvoir et d'une protection lorsqu'elle reçoit sa première arme, elle se voit imposer de participer au raid sur les autres villages. Et puis un jour les soldats ramènent au camps Joseph, le plus jeune enrôlé. Elikia, du haut de ses 13 ans se rappelle alors la vie.
La fuite se décide, la fuite s'organise, la fuite se subit, la fuite se craint, la fuite se marque dans les corps meurtris et les esprits exténués : Elikia et Joseph se sauvent. La violence de ce théâtre-témoignage est parfois difficilement soutenable, alors le voix d'Angelina, l'infirmière qui reçoit les deux enfants, se lève face à une étrange commission et met à distance cette réalité, comme pour laisser filtrer une lumière incertaine.

On ne sort pas bien de la lecture de cette pièce, on a mal tout en se sentant impuissant à résoudre notre douleur car finalement ce n'est pas la notre mais celle d'autres enfants, là bas. Je remercie Suzanne Lebeau pour ne pas prétendre résoudre les conflits du monde, pour ne pas traîner dans le pathos, mais simplement pour évoquer un partage d'expériences sans jugement.  Comme on se raconterait notre enfance lors d'une première rencontre à grand renfort de petites madeleines, Elikia et Joseph nous racontent la leur, sans séduction, sans volonté d'impressionner.

Vous pouvez lire ce texte aux Editions Théâtrales Jeunesse ou allez voir la mise en scène de Anne-Laure Liégeois au Théâtre du Vieux Colombier à Paris.



En bonus, une vidéo de Suzanne Lebeau racontant la genèse de son texte et surtout la rencontre avec les deux enfants à l'origine du texte.


lundi 28 février 2011

Une tragédie finit-elle bien?


Pour être tragique une pièce doit-elle impérativement finir mal? Le héros doit-il souffrir jusqu'à ce que le rideau tombe? L'amplitude tragique d'une pièce se mesure-t-elle jusqu'à sa fin?

On s'habitue bien vite aux happy end que nous servent différentes industries télévisées et cinématographiques.
Bien sûr on souffre et on pleure, mais quel soulagement de ne pas avoir enduré tout cela pour rien! Purgé d'émotions négatives, on ressort avec, imprimé sur notre rétine, au choix : les retrouvailles, le baiser, la réconciliation finale.

Pourtant, la tragédie en tant que telle ne peut s'achever sur une note fraîche et pimpante. Renonçant à une facilité que nous prenons pour acquise, elle ne fait pas l'économie de la réflexion. Austère le tragique? Dépassée la catharsis? Peut-être bien. La tragédie contemporaine ayant pris son envol loin des codes édifiés par la Poétique de l'ami Aristote. On doit reconnaître que la tragédie fait difficilement vibrer les âmes comme elle a dû le faire durant l'Antiquité ou même le Moyen Age.
Mais un code théâtral évolue avec la société qui l'engendre, or aujourd'hui et avec tous les facteurs que nous connaissons, le spectateur se comporte plus que jamais en client. Il paye sa place et attend en échange un service qui tient souvent du plaisir et de la détente. Dès lors, comment prendre positivement le fait qu'on fasse souffrir le spectateur? Que la tragédie prenne à coeur les problèmes de l'homme et de la société sans nécessairement proposer un univers recomposé dans lequel dansent des bisounours?

On préfère de loin payer sa place pour un one man show, ou pour les téméraires une comédie grinçante. Et quand bien même avons nous payé pour l'Andromaque de Racine à la Comédie Française, il s'agit d'une tragédie qui ne s'inscrit plus dans un contexte actuel. Les questionnements qu'elle engendre sont distanciés.

A défaut d'un texte tragique, respectant l'ensemble des codes de la tragédie, on peut encore se confronter à des textes initiant l'émotion qui devait être autrefois ressentie par les Athéniens lors d'une représentation des Trachiniennes de Sophocle. Je citerai bien évidemment mon dernier chouchou en date : Wajdi Mouawad avec sa trilogie Littoral, Incendies, Forêts. Koffi Kwahulé ou encore Laurent Gaudé étant aussi de ces auteurs qui ne vous promènent pas au pays de Candy.

Alors, je le dis, que cela finisse mal! Sortons choqués, essorés, révoltés, d'une lecture ou d'une pièce tragique. Osons garder sur nos joues les traces iodées des larmes, les ridules d'inquiétudes, provoquées par une pièce tragique. OUI, la tragédie finit mal et ce n'est pas si grave.

Pour poursuivre la réflexion, un texte court et agréable à lire qui condense un ensemble de réflexions de théoriciens autour de l'happy end dans les tragédies. Avec une tasse de thé ou de café, un moment intelligent à passer devant son écran!


mardi 22 février 2011

Busy Rocks : apologie du mouvement

Busy Rocks, c'est un collectif, hors du commun au sein de la danse. 

Ils sont cinq, frais moulus de P.A.R.T.S., l'école de danse d'Anne Teresa de Keersmaeker, dont ils sont sortis en 2008. 
Une création vue au Théâtre de la Bastille, Dominos and Butterflies, m'a fait découvrir ces jeunes talents. Ces danseurs poussent la logique du mouvement, telle que perçue dans l'exercice théâtral intitulé la Machine Infernale (exercice théâtral que j'évoquais ici), à son extrême. Ils enchaînent, durant 50 minutes, une suite de mouvements jubilatoires. Sans musique, avec un éclairage minimaliste, sans costumes, ils se présentent au public en tenues d'exercices, armés de leurs genouillères. J'ai pris un réel plaisir à regarder cette apparente logique d'enchainement pendulaire, comme on peut être fasciné en regardant un boulier de Newton. Même si la vidéo est loin de rattraper la réalité du geste sur scène, voici l' O.T.M. du mois de mars :



lundi 21 février 2011

Le théâtre : une sortie scolaire?

Diable, une nuée d'enfants!

En allant voir des pièces pour le jeune public on s'habitue à côtoyer classes et professeurs venus se frotter au spectacle vivant.
On entend avec une certaine nostalgie le personnel du théâtre rappeler, sur ce ton si particulier que l'on utilise pour s'adresser aux enfants, les règles à suivre durant la représentation. 
Et les maîtres et maîtresses reprendre avec les enfants la raison de leurs présences à ce spectacle et les grandes lignes qui font l'histoire du théâtre auxquels certains assistent pour la première fois.
Ce qui m'a amenée à m'interroger sur l'organisation de tels événements dans le cadre scolaire. Quelles implications logistiques et administratives, quel suivi pour les enfants, quel projet à mener? Cette réflexion se base sur un principe que je soutiens : offrir un accès aux spectacles vivants à tous les enfants, sans instaurer de pression financière sur le porte-monnaie parental ou bien encore sur l'emploi du temps.
L'école, pour avoir été en lien avec elle lors de ma pratique professionnelle de l'animation, est un moyen d'offrir cet accès. Je n'oublie pas les associations qui jouent un rôle essentiel elles aussi auprès des jeunes, j'évoquerai bien évidemment leurs rôles lors d'un futur billet.

Mais pour l'instant, voici quelques lignes qui retracent la genèse de l'aventure théâtrale que vivent nos petits élèves. Mieux comprendre ce que fait l'équipe professorale, appréhender l'engagement artistique d'une école, prendre conscience de l'exigence réglementaire... Autant d'éléments qu'il est bon de connaître pour apprécier à sa juste valeur l'initiative de certains professeurs.

Le premier document à feuilleter est issu de la circulaire no 99-136 du 21 septembre 1999, il ne comporte que certains paragraphes que j'ai sélectionné pour l'intérêt des internautes n'étant pas nécessairement du corps professoral. Vous y trouverez des informations concernant :
  • Finalités et objectifs des sorties scolaires (découverte d'un projet, débat, outils pédagogiques d'exploitation de la sortie culturelle),  
  • Dispositions communes pour l'organisation des sorties scolaires (passage traitant essentiellement de la logistique)  
  • L'organisation pédagogique des activités mises en œuvre dans le cadre des sorties scolaires (déroulement de la présentation du projet de sortie culturelle, présentation aux élèves, relations pédagogiques avec le maître et partenariats possibles)
Lire la circulaire :

Pour les plus pressés, un résumé issu d'un article de la lettre mensuelle des professionnels jeune public, Le Piccolo



 


Et vous, quelle expérience retenez-vous des sorties scolaires et culturelles de vos enfants? Avez-vous déjà partagé une salle de spectacle avec des classes en sortie?

vendredi 4 février 2011

Petit Pierre ou comment tisser autour d'une histoire vraie


 Bus 96 direction Porte des Lilas, 45 min de trajet, de montées et de descentes et puis un arrêt : rue Saint Fargeau. Et puis un théâtre : le Théâtre de l'Est Parisien. Et puis un spectacle : Petit Pierre. Et puis les lumières s'allument...

Sur un plateau peuplé d'étrange feuilles métalliques et éclairé sobrement, Sara Louis se tient dans sa blouse bleue. Commence l'épopée atypique de Petit Pierre, un être un peu cassé, malingre, à l'œil à demi-fermé avec une étrange prononciation mais surtout un petit manège dans la tête.
La scène débute comme le jeu enfantin "dessiner c'est gagner", Sara Louis dessine un bébé et on entend les enfants de la salle qui  tentent de deviner le croquis à chaque apparition de bras, de jambes. Et puis, en surimpression se dessine un étrange visage que les enfants ne comprennent/reconnaissent pas : celui de Petit Pierre, l'enfant "tête de vipère". Au fur et à mesure du récit que Sara Louis mène d'un doigt de maître (malgré l'agitation de la salle), passant de narratrice à Petit Pierre, l'expérience personnelle se mêle à l'Histoire. Se découvrent et s'animent sur scène des figurines, des portraits, comme autant de petites tâches de la vie du héros. Des petites tâches qui égayent aussi le pelage de l'animal qui guide ce petit garçonnet "pas terminé" dans son appréhension du monde, cet animal chéri qu'il garde et veille : la vache.
Et s'imbriquent sans que l'on s'en rende compte l'histoire d'une vie, de deux guerres mondiales, de petites vexations,de grands espoirs pour former un manège "La Fabuloserie", reproduit à échelle symbolique sur la scène et projeté par un petit film en parallèle sur le mur au fond de la salle. Un instant magique où l'on s'émerveille de la mécanique de la vie, de celle de Petit Pierre, génie pas fini...

Un dossier autour du texte de Suzanne Lebeau et de sa mise en scène au Théâtre de l'Est Parisien :  cliquez ici

La Fabuloserie de Pierre Avezard, un site à visiter : cliquez ici

Un diaporama des photographies de la mise en scène pour ceux qui seraient passé à côté :



mardi 1 février 2011

L'O.T.M. en février, l'O.T.M. qui plaît!

Pour cet Objet Théâtral Mirobolant une mise en lumière d'un metteur en scène/auteur/directeur d'auteur, exceptionnel : Joël Pommerat. Mais aussi un hommage à cette nouvelle émission développée par Arte : Pass Pass Théâtre. Une initiative qui met à l'honneur le spectacle jeune public avec des rediffusions de pièces mais surtout de petits reportages sur ce qui se cache derrière le rideau de scène...
Je vous propose donc de découvrir Pinocchio de Joël Pommerat, récemment joué aux Ateliers Berthier à Paris.

 

mardi 25 janvier 2011

MOMIX : pélerinage des amateurs du spectacle jeune public!


 C'est qu'il s'en passe des choses dans le Haut-Rhin! Que les habitants s'apprêtent à un déferlement culturel sans précédent : c'est la 20e édition du festival MOMIX à Kingersheim. Durant 2 semaines, les compagnies et les spectacles se succéderont de salles en espaces à Kingersheim. mais prendront aussi l'air dans les alentours de la ville. Un hommage à rendre pour cette initiative du CREA (scène conventionnée jeune public, sîouplaît!) qui réunit dans une énergie commune des bénévoles, des artistes, des animateurs, des enfants, des ados, des parents, autour de projets culturels tout au long de l'année. Mention spéciale pour la radio Momix qui permet aux fieffés parisiens, comme moi, de suivre l'actualité du festival et mention originale pour la présence d'ateliers pour les ados, cette année autour de la photographie!

On ne voudrait pas rater : 
  • L'Ogrelet, Le Magnifique Théâtre / Suisse
  • Semianyki, Teatr Licedei / Russie
  • Eric n'est pas beau, Théâtre du Gros Mécano, compagnie Les Anges Nus / Québec-France
  • 2084 un futur plein d'avenir, compagnie Flash Marionnettes / France
  • Oh boy!, Théâtre du Phare / France
Mais parce qu'il y en a encore beaucoup d'autres, la programmation à feuilleter :


Le blog du festival, c'est ici : MOMIX

Vous y allez? Vous y êtes allés?

vendredi 21 janvier 2011

Revisiter la tragédie par le texte

A la recherche d'un texte idéal pour aborder la tragédie, je suis tombée sur l'excellent :

Les enfants de Médée de Suzanne Osten et Per Lysander, éd. Théâtrale Jeunesse


Avec 5 personnages (Médée, Jason, la Nourrice, Petite Médée, Petit Jason)  la fable se tisse sur un espace scénique définit avec précision au début du livre : une première partie du plateau figure la chambre des enfants, la seconde un décor antique (colonnes par exemple) dédié aux parents. 
C'est cette configuration qui m'a le plus plu, ce passage d'univers actuel/antique, adulte/enfant avec la Nourrice comme élément liant. 
On y retrouve aussi le chœur antique, avec sa véritable fonction et définition (contrairement à la choralité plus souvent utilisée comme je l'expliquais dans un précédent billet). Le mythe est bien transmis, mais le tour de force réside dans son actualisation par une situation connue de plus en plus fréquemment : la séparation des parents. La tragédie est vécue par les parents, avec les accents tragiques que l'on connaît chez Euripide, puis mimée par les enfants à l'aide des jouets qui peuplent leur univers, avec leur langage à eux.
Les auteurs ne plongent pas dans la traduction/transmission niaise, ils dépassent l'évocation du mythe tragique pour l'appliquer aux tragédies quotidiennes : la violence d'une mère, les disputes des parents, la culpabilité éprouvée par les enfants...

A lire dès 5 ans, à jouer pour un public de 5 ans à 13 ans.

mardi 11 janvier 2011

De l’Anti-Mites dans l’armoire à Mythes !

Mite : Petit papillon blanchâtre de la famille des teignes dont les larves rongent les étoffes et les fourrures. (Petit Robert)

Mythe :
Récit fabuleux, souvent d’origine populaire, qui met en scène des êtres incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine. (Le Petit Robert)

Rangés dans l’armoire, les mythes sont menacés de sévères grignotages sur leurs belles étoffes de splendeur. Une pulvérisation d'anti-mites était donc nécessaire !

Des bienfaits actifs du mythe sur le corps :

Le mythe a des effets rajeunissant sur le corps car il nous rappelle combien le monde est ancestral et combien sa création fut longue et lointaine. On se sent alors comme un rossignol pimpant du XXIe siècle!
D'autre part, le mythe peut faire subir d'importants changements corporels, bien plus impressionnants qu'une mutation d'Hulk ou Spiderman! Musculature surdéveloppée pour Hercule, apparition de deux autres têtes à l'image de Cerbère, anthropomorphisme de tout poil... Un bonheur au quotidien, le mythe vous rendra exceptionnel le matin au réveil!



Des bienfaits du mythe sur l’esprit :

Le mythe, parce qu'il se présente comme explicatif d'une pratique sociale particulière, est une source de partage de différents vécus. A un âge qui peut être critique pour la transmission d'un adulte vers un jeune; le mythe permet d'aborder des thèmes fondateurs de manière détournée sans placer un jeune dans une position de simple récepteur d'une morale ou d'une vision sociale souvent mal vécue. 
Le mythe développe un autre imaginaire, rafraichissant l'esprit peuplé de nouveaux héros/héroïnes de dessins d'animations : quels Totally Spies, Bob l'éponge, et autres Simpsons pourraient gagner un combat contre un Persée, un Oreste, une Médée?

Des bienfaits du mythe dans le travail théâtral :

Si les références sont allées majoritairement aux classiques de la mythologie, il existe de nombreuses pièces contemporaines faisant appel aux ressources mythologiques. Dans le cadre d'un atelier théâtral on peut donc se pencher sur la pièce Incendies de W. Mouawad dont des échos à Oedipe, Antigone, Rémus et Romulus sont à trouver. L'actualité de la pièce porte particulièrement le sujet et peut être un bon point de départ pour aborder le mythe sans l'aspect "mité" qu'il détient parfois auprès des jeunes.
Bien d'autres auteurs contemporains seraient à citer dans le cadre d'un travail théâtral sur le mythe, vos propositions sont les bienvenues!
D'autre part, l'interêt du mythe dans la pratique théâtrale se reflète aussi par l'intégration au programme du baccalauréat théâtre de l'Agamemnon d'Eschyle, et l'on n'en n'est pas mécontent!

Enfin, pour clore ce billet tout simplement mythique, une référence pour approfondir le sujet : le numéro 114 de la revue Lecture Jeune consacré à la Tragédie (avec un dossier sur Koffi Kwahulé, sur le mythe de Médée et plein d'autres pépites!) : cliquez ici

Le mot de la fin : fi de délicatesse, contre les ravages des mites usons de splendides étoffes théâtrales pour sortir les mythes de l’armoire à classiques !


samedi 1 janvier 2011

Un nouvel O.T.M. :

De la danse pour ce nouvel Objet Théâtral Mirobolant avec Philippe Découflé.




Pourquoi cette vidéo? Parce que, dans cette séquence, la partie inférieure du corps n'est pas en mouvement perpétuel. En opposition à cette image du danseur-cabri, ici, pas de portés, de sauts, de prises de l'espace scénique par des déplacements. A les voir se donner des coups, les amortir, les prévenir, on a presque l'impression d'assister à l'emboîtement d'un jeu Tetris dans lequel chaque geste doit venir s'imbriquer avec la soudaineté et la nécessité de l'inclure au plus vite dans un ensemble mouvant.